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Remarques et réflexions
30 avril 2010

discrimination positive à la française et féminisme

Ezra Suleiman, professeur de philosophie politique à l'université de Princeton vient de publier dans le journal Le Monde, un article polémique particulièrement intéressant.

Il critique la nouvelle loi qui impose un quota de femmes dans les conseils d'administration. Il s'agit de discrimination positive qui pourtant, est en principe refusée par les français, au nom de l'égalité républicaine et de la méritocratie. Cette loi est mauvaise, parce que discrimination positive, instaurant un quota.

Je trouve les paragraphes suivants de l'article particulièrement justes :

"La question qui se pose est la suivante : qui décide de réparer l'injustice et le malheur qui frappe une catégorie sociale déterminée ? En ciblant ainsi une minorité, ne risque-t-on pas d'envoyer à toutes les autres le message que leur représentation et leur promotion ne sont pas à l'ordre du jour ou, en tout cas, ne font pas partie des urgences ? Un quota limité à une catégorie est forcément discriminatoire pour les autres. La justification, peu convaincante, est "qu'il faut bien commencer quelquepart" et que l'égalité finira par s'étendre à toutes les minorités sans que les pouvoirs publics aient, à nouveau, à intervenir.

Dans les faits, il n'en est rien. Sans loi, l'égalité ne se diffuse pas d'elle-même. Les catégories, qui ne bénéficient pas d'un traitement égalitaire de la part de la République, risquent de devenir encore plus cyniques en constatant que même les lois ne font plus mine de respecter le principe d'égalité. Elles constatent qu'en réduisant la diversité aux deux groupes hommes-femmes, la société a trouvé un bon alibi pour concentrer le pouvoir et les avantages. Les exclus peuvent en conclure que les hommes au pouvoir se préoccupent avant tout du groupe qui leur ressemble le plus - couleur, statut social, diplôme -, c'est-à-dire des femmes qui disposent des mêmes atouts que les hommes ayant réussi. De fait, peu de temps après l'introduction des lois d'"affirmative action", on constata que c'étaient bel et bien les femmes blanches qui en avaient été les principales bénéficiaires. L'Etat américain devint donc plus exigeant pour assurer l'égalité de toutes les minorités devant la loi."

Voilà de quoi nourrir la réflexion féministe, car effectivement, le féminisme risque de perdre son âme s'il va dans le sens de cette loi. Et au final, ce seront les femmes qui en souffriront le plus.

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Commentaires
M
Je me doutais bien de toute façon que ces féminismes cachaient en réalité un certain fascisme.<br /> Dommage que des hommes de couleurs passent après ces femmes de couleur blanche.<br /> Et je ne parle même pas de femmes de couleur.<br /> <br /> Bref ça rejoins ma pensée sur le féminisme : un combat égoîste pour les coupines
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