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Remarques et réflexions
13 mars 2011

Madame Badinter détient la vérité, quelle chance pour elle

Je suis tombé sur une interview de Madame Elisabeth Badinter dans le nouvel obs sur le net. Le titre est accrocheur, un brin provocateur ce qui me plait plutôt : "La femme n'est pas un chimpanzé" . Je m'y suis intéressé car je suis en train de finir l'ouvrage de Sarah Blaffer Hrdy, scientifique américaine, zoologue, étologue. Son livre, que je recommande à toute personne souhaitant réfléchir à la question de la place et de l'image de la femme a un titre lui aussi provocateur :  "La femme qui n'évoluait jamais". Il s'agit d'étudier le comportement des femelles (essentiellement humanoïdes).Cet ouvrage me passione, et force le respect. Il transpire une intelligence, une finesse d'esprit que notre intellectuelle féministe nationale a remplacé par un discours martelant des certitudes et des vérités qui ne supportent pas la contradiction.

Je ne saurais trop vous recommander de lire en parallèle de l'interview de Elisabeth Badinter au Nouvel Obs, celle de Sarah Blaffer Hrdy . Les propos de cette dernière sont bien plus riches pour faire avancer le féminisme. N'étant pas zoologue, primatologue ni éthologue j'ai lu et ai appris énormément. Cet ouvrage a modifié en profondeur ma vision de la maternité, mais aussi celle de la paternité.

Madame Badinter récuse toute origine biologique ou instinctuelle dans la maternité. Tout cela ne serait que le fruit de l'histoire, de conditionnement social et de pression de la société sur la femme. Il n'y aurait pas d'instinct maternel. Je renvoie aux ouvrages des deux dames pour que chacun(e) se fasse sa propre opinion. Sarah Blaffer Hdry se place dans un cadre conceptuel évolutioniste. Il y a eu sélection des comportements et des individus au long de l'évolution. Les comportements et caractères qui favorisent l'espèce sont favorisés. Cette hypothèse est aux antipodes de celles de Elisabeth Badinter.

Là où Madame Badinter assène des thèses sans souffrir la moindre contradiction et ferme des portes, Madame Blaffer Hrdy envisage les hypothèses, admet qu'il est souvent bien difficile de conclure quant aux raisons du comportement et ouvre à la pensée. 

Relisons les deux interviews si vous le voulez bien :

 

N.O.-Mais peu de femmes vont assumer moralement, éthiquement, émotionnellement de faire un enfant toute seule comme on dit. Là aussi, c'est souvent un échec ou un hasard de la vie.
E. Badinter.- Qu'en savez-vous? C'est faisable pour celles qui le souhaitent.
N.O.-Mais il y a une censure morale très forte de la part des femmes, pour qui un enfant a besoin d'un père et d'une mère...
E. Badinter.- Ecoutez, vous vous fichez de moi!

Quelle ouverture de dialogue ! Quelle capacité à écouter, discuter et envisager la thèse de ses interloctrices ! Encore une personne qu'il faut lire avec l'ouvrage de Schopenhauer - l'art d'avoir toujours raison - à coté de soi.

Lisons maintenant un extrait de Madame Sarah Blaffer Hry :

J'ai lu le premier ouvrage d'Elisabeth Badinter sur la maternité avec un grand intérêt et non sans une certaine admiration. Néanmoins, je ne suis pas d'accord avec sa théorie selon laquelle il n'y aurait aucun fondement naturel et biologique pour expliquer le comportement maternel. Bien sur qu'il y en a! Cependant les critiques de Badinter, sa conviction qu'il existe un dogme déterministe et biologique bien trop simpliste m'a aidé à clarifier ma propre pensée. De ce point de vue, nous pouvons apprendre l'une de l'autre. Une grande partie du problème vient de la façon dont le terme «instinct maternel» a été utilisé. On l'a parfois perçu comme une sorte d'interrupteur qu'il suffirait d'activer ou non, comme pour allumer la lumière.

et plus loin...

Je ne connais pas suffisamment l'œuvre d'Elisabeth Badinter pour faire une analyse de ses thèses, aussi vais-je simplement vous parler des miennes. Pour moi, le féminisme est synonyme d'égalité des chances pour les deux sexes - à cet égard, il s'agit simplement d'un prolongement de la démocratie. Le mot «féministe» ne prend une connotation politique que lorsque s'exercent des forces qui tendent à réduire l'égalité des chances pour les femmes ou à les discriminer - comme cela a été le cas en Occident pendant des siècles et comme c'est toujours le cas dans d'autres cultures. Dans un contexte scientifique, le féminisme prend une importance toute particulière dès lors que l'on sait que les pressions sur les femmes liées aux théories darwiniennes n'ont pas été prises en compte pendant bien longtemps. On prenait pour postulat que toutes les femmes seraient mères, que toutes les mères élèveraient autant d'enfants que possible et que toutes les femmes étaient des créatures passives, dénuées de facultés stratégiques, qui avaient évolué simplement pour produire et allaiter des bébés.

Ouf !!! Je respire.

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