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Remarques et réflexions

8 mai 2019

Béhaviorisme et cognitivisme sont ils incompatibles ?

AdamP001 dans son commentaire à mon article "la différence entre béhaviourisme et cognitivisme" s'interroge "Peut on dire que le cognitivisme ne s'oppose pas fondamentalement à l'approche du behaviorisme ?". Mon opinion est qu'effectivement cognitivisme et behaviorisme ne s'opposent pas fondamentalement.

L'opposition fut et est bien souvent, une querelle d'écoles et d'hypothèses. Dans la mesure où les comportements sont une réalité et les cognitions une autre réalité qui coexistent, les deux approches sont à mon sens complémentaires et ne s'opposent pas fondamentalement. Behaviorisme et cognitivisme ne parlent pas de la même chose.Béhaviorisme et cognitivisme n'opérent pas au même niveau.

Le behaviorsime s'intéresse aux comportements, alors que le cognitivisme s'intéresse aux états mentaux.Stricto sensu, le behaviorisme ne parle absolument pas des cognitions ni à ce qui se passe au niveau symbolique. Le béhaviorisme observe objectivement ce qui se passe, les comportements, les événements avant et après mais ne donne jamais aucune théorie, ni ne fait aucune hypothèse sur ce qui se passe dans l'esprit des personnes qui effectuent les comportements. Inversement, qu'il y ait cognition n'invalide pas la vérité du béhaviorisme ni les relations qu'il permet de mettre à jour. Il est tout à fait possible de voir une séquence de comportements, d'un point de vue béhavioriste et d'un point de vue cognitiviste sans qu'il y ait pour moi de contraction ni d'incompatibilités.

AdamP001 me demande des exemples concrets. Le meilleur qui me vient à l'esprit est celui du langage.

Il est d'usage de considérer que Chomsky en 1959 avec sa critique de "verbal behaviour" de Skinner a supplanté le béhaviorisme et l'a relégué à l'histoire de la psychologie.Chomsky, par cette critique, a acquis le statut de star intellectuelle jusqu'à nos jours. Or si Chomsky est LA référence chez les linguistes, il n'empêche que Verbal bvehaviour est à la base de nombreux programmes d'aides aux enfants présentant des TED et que cela les aide à verbaliser et intérargir plus aisément avec leur entourage. Chomsky n'a pas éliminé Skinner ni "verbal behaviour". Le béhaviorisme n'est pas relégué au rang de théorie dépassée n'en déplaise à certains linguistes et psychologues.

En fait, les deux approches du langage, celle de Chomsky et celle de Skinner ne sont pas incompatibles contrairement aux apparences. Pour Skinner, le langage s'acquiert via le renforcement de l'entourage. Il suit les mêmes règles d'apprentissage que les autres comportements, mais le renforcement est social et indirect. Pour Chomsky, le langage s'acquiert grace à une grammaire innée, une capacité à structurer et donner du sens aux mots et construire la parole.  Pour résumer de manière rapide, Skinner pense que le langage s'acquiert alors que Chomsky pense qu'il est inné. Nature contre culture, est un des plus vieux débats philosophiques sans que jamais il ne soit conclu. Le débat entre béhavioriste et Cognitiviste est du même ordre.

Il y a une capacitré vraisemblablement innée à acquérir le langage (Chomsky), et il y a un processus d'acquisition via une forme de renforcement positif qui en permet le développement. A mon avis les deux sont nécessaires et complémentaires. Les deux approches ne sont pas fondamentalement opposées.

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16 avril 2019

Critique du dernier livre de Daniel Zagury - La barbarie des hommes ordinaires

J'ai lu le dernier bouquin de Daniel Zagury "La barbarie des hommes ordinaires" ici.

Je la recopie ci-dessous :

Comprendre comment des personnes que rien ne distingue de vous ou moi peuvent devenir des criminels est un sujet passionant qui m'a poussé à acheter l'ouvrage. J'ai été très déçu tant par la forme que le fond. Certes, Daniel Zagury est de toute évidence un homme d'écoute, d'un grand humanisme et empathie. L'auteur refuse les généralisations ou les catégories pratiques et faciles comme "pervers narcissique" qui sont une sorte de fourre tout pratique mais inopérant et indéfini. Cela ne suffit pas malgré tout à faire un bon livre.

Le choix des cas relatés semble arbitraire et sans cohérence. Pourquoi parler des mères qui tuent leur nouveau né, et pas des cas de violences parentales et sévices aux enfants sous couvert d'éducation, qui mènent parfois à la mort ? Pourquoi ne pas aborder le cas des violeurs d'un soir qui ne sont pas des violeurs en série ? Enfin pourquoi revenir sur le procès Eichmann en donnant un long chapitre de commentaires de l'ouvrage de Arendt pour dire qu'elle avait raison ? L'auteur annonçait ne pas vouloir revenir sur le cas des tueurs en série pour parler des personnes qui basculent dans le crime sans que cela soit compréhensible à première vue. Or Eichmann ne fait pas partie de cette catégorie de criminels, c'est le moins que l'on puisse dire.

Enfin l'analyse tourne vitre très court comme souvent chez les psychanalystes, qui entendent ne faire référence qu'aux auteurs qui ont le label "psychanalyse" et Freud au premier rang. Aucune mention aux travaux de neuro-sciences, aucune référence aux recherches universitaires sur le sujet pourtant abondantes dans le monde, à la psychologie cognitive ou behavoriste ou du développement qui donnent pourtant des éclairages intéressants. Comme l'écrit l'auteur "J'aurai constamment recours à une clinique "psychodynamique"" (p.14). Entendez psychanalyse et exclusivement psychanalyse. Le point de vue est un peu étroit à mon goût, regarder au delà de la psychanalyse eut été intéressant et enrichissant.

Du coup, lorsqu'il s'agit de différents entre jeunes qui dégénèrent en crime il n'y a que 8 pages. Il décrit des situations telles qu'on les voit dans les reportages télé puis c'est à peu près tout. Il est vrai que les grands classiques de la psychanalyse n'en disent pas grand chose. Tout au plus s'agit il de "lèse narcissisme" et d'incapacité de penser. Nous sommes dans le symptôme et pas la cause. Le jeune n'a pas supporté une parole qui a pour lui porté atteinte gravement à l'image de lui même. Cela s'expliquerait par un problème de "lèse narcissisme". En logique cela s'appelle une tautologie. C'est un peu comme si un médecin expliquait que le patient a de la fièvre parce que la température augmente. Cela décrit mais n'explique rien. C'est dire la même chose différemment.

Par ailleurs il est assez affligeant de lire un psychiatre balayer d'un revers de manche sans aucune argumentation, les "thérapies d'affirmation de soi" et de les amalgamer implicitement aux comportements de ces jeunes meurtriers (p.80).

Enfin, l'un des principaux ressorts pour Daniel Zagury serait l'incapacité de verbaliser les émotions et élaborer psychiquement, de penser (par exemple p. 192). C'est un thème récurrent chez les psychanalystes, mais l'explication ne me convainc pas. De nombreux 'taiseux' pour reprendre l'expression populaire, plutôt que le terme de "carence élaborative", sont respectueux d'autrui et ne sont pas nécessairement des criminels. Une fois encore, la thèse paraît faible.

Je sais, j'aurais dû me méfier lorsque je l'ai vu sur le rayon du libraire du quartier, mais je me suis laissé prendre. Ce n'est qu'au fil de sa lecture que la faiblesse de l'argumentation psychanalytique m'est apparue.

Il y a pourtant d'excellents bouquins sur le sujet de la psychologie des criminels. Je pense surtout à des livres en anglais.

5 septembre 2017

Le syndrome du pere Goriot

Mon ex beau pere m'avait donne un conseil peu apres la naissance de ma deuxieme fille auquel je n'avais pas donne credit a l'epoque. Il me regardait operer avec mes 2 filles, en jeune pere que j'etais, alors que nous etions un week end chez eux. "Ne devenez pas un Pere Goriot" m'avait il lache.

C'etait il y a plus de 20 ans mais son conseil est toujours present dans mon esprit malgre tous mes denis. Avec le temps, j'ai evolue.

Je n'avais pas lu "Le pere Goriot" alors et les quelques romans de Balzac lus au Lycee m'avaient ennuye. Il faut une certaine maturite pour apprecier Balzac et sa 'Comedie humaine'. Un jour j'ai ouvert le livre. J'ai eu un choc et une revelation. Je compris ce que voulait dire mon ex beau pere. J'y ai encore repense ces derniers jours.  

Ma fille C. ainee a 28 ans. Elle annoncait avoir laisse sa chatte pour la semaine. Elle allait a un mariage et sans doute se deplacait t-elle durant toute une semaine. Je ne savais pas. Selon un vieux schema familial classique, personne ne m'avait rien dit. Je l'ai appris au detour d'une conversation de groupe familial sur Whatsapp.

Tout commence lorsque mon dernier fils A. annonce dans la suite de la discussion sur le theme des chats qu'il va avoir un chaton et partage des photos. P. ma deuxieme fille commente et s'attendrit sur les photos craquantes. C. ne repond pas mais continue sur le mariage et sa chatte chez mes parents.

Elle repondit tres laconiquement a ma question de savoir quand elle comptait y aller sans donner de precisions. Comme elle le dit plus tard, le message s'adressait a P. et personne d'autre. Elle ne commentait n'y ne repondait a aucun message de ses 2 freres.

C'est par ma mere, lors de ma derniere visite chez mes parents que j'ai appris qu'elle passait chercher la chatte le lendemain. Je n'avais pas eu d'autres echanges avec C. depuis ces Whatsapp.

Fin juillet, je lui ai offert un casque audio a son anniversaire. Celui qu'elle m'avait demande bien a l'avance. Elle me remercie par mail et puis rien d'autre. Pas de son et pas d'image. 15 jours plus tard, j'envoie un message "Coucou, Comment vas tu ?". La reponse ne vient que 2 jours plus tard " Un peu crevee. J'ai un probleme avec le casque que tu m'as offert. Tu les coordonnees du revendeur ?". Je ne pouvais m'empecher de penser que sans le probleme du casque je n'aurais pas eu de reponses ni d'echange comme cela a deja ete le cas. Je lui fais donc suivre factures et autres informations pour faire jouer la garantie. J'essaie d'echanger sur le theme series, mais cela tourne vite court.

3 jours plus tard "Coucou tu n'as pas un code Netflix ?" Je lui donne. Pas d'autre echange.

Encore 1 semaine apres "C'est quoi deja le code Deezer ?" Je lui donne et ajoute "Decidement, j'ai la desagreable impression que tu ne te manifestes que quand tu as besoin de quelque chose."

Elle n'a pas repondu et ne repondra sans doute pas.

Hier soir P. ma deuxieme fille est venue diner. Elle vit en coloc dans le nord de Londres, du cote d'Islington, mais vient regulierement diner chez moi. elle m'appelle regulierement pour que nous nous voyons et j'aime nos echanges. Nous entretenons mutuellement le lien, comme avec mon fils aine. B., le fils de ma compagne, travaille a Londres aussi je l'heberge dans la chambre disponible. P. lui demande hier soir quand il serait a Paris pour que C. et son compagnon puissent y dormir. C. ne m'avait rien dit de son projet de venir passer quelques jours a Londres et profiter de mon appartement.

J'etais blesse et furieux. J'ai juste fait remarquer a P. que c'est chez moi et que m'en parler serait respecteux. P. a argue que je devrais en parler a C. Certes, mais c'est elle qui s'est adressee a B. et non a moi pour savoir quand C. pourrait venir.

Je n'ai pu m'empecher de me souvenir du conseil de mon ex beau pere et ma lecture du Pere Goriot. Si je n'y mets pas de limite, C. pourrait reproduire la conclusion du roman : « Le citron bien pressé, ses filles ont laissé le zeste au coin des rues." 

Le lien familial ne protege pas necessairement.

 

12 juin 2017

Conseils de psychologie sociale au boulot

J'ai commencé à travailler en 1987. Je sais je ne suis pas tout jeune. J'ai mis du temps à comprendre pourquoi, malgré des compétences, je n'étais pas promu, je voyais des collègues me passer devant. C'était totalement injuste, pensais je alors. Il y avait et il y a toujours un discours des grandes boîtes que nous sommes dans un monde de méritocratie ou les compétences sont valorisées. Ayant perdu pas mal de cheveux et ceux qui me restent étant gris, voire blancs, je vois les choses un peu différemment maintenant.  Il y a un facter politique ou pour le dire de manière plus neutre, un facter psychologique et relationnel dans la réussite professionnelle. Rares sont les personnes qui travaillent seules, en tout cas dans la vie de bureau en général. J'ai mis du temps à comprendre toutes les implications de cette réalité dont j'ai parfois fait amèrement l'expérience.

Pour mettre les choses au clair tout de suite, et éviter de perdre du temps, il est important de se mettre en tête une première vérité : Le monde du travail est injuste ! donc arrêter de vous lamenter sur l'injustice dont vous êtes victimes si vous voulez progresser professionnellement. Ne gaspillez pas votre énergie psychique à vous lamenter et prenez plutôt les choses en main. Vous n'êtes pas assez bon dans la gestion des relations avec votre chef et vos collègues pour progresser. Utilisez votre énergie à améliorer ces relations, ce sera beaucoup plus satisfaisant.

Deuxième réalité qu'il est impératif d'accepter même si elle est déplaisante : le monde du travail n'est pas démocratique. J'ai eu personnellement énormément de difficulté à accepter cette réalité. Je suis fondamentalement un anarchiste, comme me le rappelait récemment mon fils de 21 ans. Je suis égalitaire, fondamentalement, radicalement, un libertaire dans l'âme. Je me méfie de tout pouvoir, car il est forcément oppression. Avec l'age j'ai fini par comprendre que c'est un mal nécessaire, mais entre adultes, j'ai une tendance à considérer que tout le monde a une voix, que tout le monde a le droit d'avoir une opinion. Je suis pour le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple ! Dans le monde des grandes entreprises, j'ai appris durement que cette formule ne s'applique pas, mais alors pas du tout.

fDans le monde du travail, certaines personnes ont plus de pouvoir que d'autres. Il ne s'agit pas forcément du chef car c'est comme dans une famille, le traditionnel 'chef de famille' n'est pas forcément la personne qui a le plus de pouvoir dans les faits. Dans le monde du travail c'est un peu la même chose aussi il est fondamental pour survivre ou progresser d'identifier qui a quel pouvoir. Il peut être partagé entre plusieurs personnes. En tout état de cause, il n'y a rien qui ressemble à une démocratie. Dès que vous aurez admis cela, vous aurez déjà beaucoup progressé et serait en meilleur position. Car vous aurez identifié les personnes avec qui il est important d'entretenir de bonnes relations.

27 octobre 2016

Paul Jorion ou le prêche au lieu de l'argumentation

Ce matin dans mon train pour Londres j'ai lu Le Monde. Je suis tombé sur l'article d'opinion de Paul Jorion.

http://www.pauljorion.com/blog/2016/10/25/le-monde-lecho-un-role-pour-leurope-a-la-hauteur-de-ses-peuples-le-24-octobre-2016/

Je n'aurais jamais imaginé qu'un Docteur en Sciences Sociales puissen pondre un papier aussi mauvais. Il y a des conclusions assénées avec force conviction mais d'arguments ou faits qui puissent soutenir et étayer ces conclusions, il n'y en a pas.

Reprenons donc le papier car il est assez instructif et représentatif de bouquins et papiers anti-libéraux, anti européens de la gauche actuelle. C'est très creux, mais cela plaît et trouve sa place dans le Monde. Ce quotidien du soir adore en ce moment, prendre un temps supérieur, donneur de leçons et asséner des vérités. L'article de Jorion y a donc trouvé tout naturellement sa place. Petite précision : je ne supporte pas non plus ni Finkielkraut ni Zemmour c'est un peu l'équivalent à droite.

Thèse 1 : "La City de Londres ne sait plus depuis le Brexit à quel saint se vouer, tant ce vote signe irrémédiablement son déclin." Pourquoi déclin ? Qu'est ce qui permet de dire une chose pareille ? Que voulez vous dire par "ne sait plus à quel saint se vouer"?

Je travaille dans la City de Londres (à Canary Wharf plus exactement). L'ambiance est à la réflexion inquiète sur la meilleure façon d'influer sur la négociation pour limiter la casse. Y aura t'il déclin ? C'est à mon avis trop tôt pour le dire. Dison qu'il y aura transformation.

Vient ensuite la leçon de morale de celui-qui-a-raison-parce-qu'il-le-dit : "elle devrait d’abord faire son examen de conscience : n’est-elle pour rien dans le remplacement dans les esprits des valeurs de solidarité par celles de la concurrence, de la compétition forcenée, de la compétitivité – l’autre nom de la guerre de tous contre tous sur le marché de l’emploi ?" Rien que cela !

Il y aurait donc une justice immanente qui punirait les méchants financiers de Londres, non pas de s'être opposés et d'avoir vontre contre le Brexit, mais d'avoir corrompu notre belle Europe et ses valeurs... Donc les financiers de la City sont des méchants qui sont justement punis si je comprends bien..soit. Ce moralisme me laisse plus que perplexe, mais continuons.

La preuve ? "Car c’est bien la sacro-sainte « compétitivité » prônée par la City et ses relais idéologiques qui a poussé les Britanniques à voir d’abord dans les flux migratoires, plutôt que l’apport en forces vives qu’il est avant tout pour leur nation, les concurrents qui les priveront bientôt d’emploi dans la foire d’empoigne qu’est devenu le monde du travail." Une fois encore, sur quoi s'appuie de telles conclusions ?

A ce stade de la lecture je regarde qui est Paul Jorion et je lis Docteur en Sciences Sociales, Professeur associé des facultés de l’Université Catholique de Lille.  Il a fait partie du Haut comité pour l’avenir du secteur financier belge ainsi que du Groupe de réflexion sur l’économie positive dirigé par Jacques Attali. Il est diplômé en sociologie et en anthropologie sociale (Docteur en Sciences Sociales de l’Université Libre de Bruxelles).

C'est donc un sociologue qui établit ce genre de causalité et enchaîne de telles conclusions sans jamais les étayer par rien ?!? Cela me laisse pantois sur ce qu'est la sociologie et l'argumentation chez un Prof d'université, la capacité à argumenter rationellement d'un de nos brillants intellectuels.

C'est affligeant de médiocrité et de tartes à la crème intellectuelles.

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20 septembre 2016

Les TCC ou l'argumentation intérieure

Je ne prétendrais pas résumer les TCC ou en faire le tour. J'ai davantage envie d'en faire une analyse épistémologique, car il y a une logique sous jacente bien précise des TCC. Il ne s’agit pas d’évoquer les stoïcisme, que j’ai déjà abordé dans un autre billet, il y a déjà quelques années mais d'approfondir. Ce qui m’intéresse c’est d’avantage le type de raisonnement sousjacent à la démarche des TCC et le type de discours qu’il met en oeuvre.

Il s’agit d’une démarche argumentative empirique. Il n’est pas fortuit que ces thérapies soient nées dans le monde anglo saxon, pétri de cette pensée argumentative. La psychanalyse est issue de la philosophie continentale, les TCC de la philosophie logique et argumentative anglo saxone.

Les TCC sont empiriques, non pas seulement parce qu’elles ont une efficacité vérifiable scientifiquement, mais surtout parce qu’elles demandent au patient, la personne qui utilise ces méthodes, de tester et vérifier leurs croyances afin d’en estimer la véracité. La croyance est considérée comme une hypothèse et non pas nécessairement comme une vérité. La question, au coeur du travail cognitif, est de savoir si la croyance est confirmée par des faits ou pas.

Les TCC s’appuient sur une approche logique, assez proche de l’argumentation rationnelle critique. Il y a des faits et des règles d’inférence. La proposition croyance P est vraie si l’expérience la confirme. Si les faits d’expérience, constatés dans le quotidien ou provoqués pour l’occasion, contredisent la proposition croyance, alors la véracité de celle ci est discutable et doit être remplacée par une nouvelle proposition croyance plus compatible avec le vécu.

Les TCC aident la personne à mettre en place une démarche argumentative interne ; celle ci lui permet de corriger d’elle même sa compréhension des autres et des relations sociales. Les TCC font en effet l’hypothèse que c’est cet écart et décalage entre représentations et faits d’expérience qui sont la cause des souffrances. Là, elles rejoignent le stoïcisme :

« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais les opinions qu'ils en ont. Par exemple, la mort n'est point un mal, car, si elle en était un, elle aurait paru telle à Socrate ; mais l'opinion qu'on a que la mort est un mal, voilà le mal. Lors donc que nous sommes contrariés, troublés ou tristes, n'en accusons point d'autres que nous-mêmes, c'est-à-dire nos opinions »
Manuel d’Epictète
14 juillet 2016

EMDR et simulation bilatérale pour s'apaiser et se détendre

L'EMDR a montré son efficacité pour résoudre l'anxiété extrême et que la rationalisation ne peut éliminer. Au delà de la technique de mouvements des yeux, c'est la stimulation bilatérale qui est efficace : celle ci peut être visuelle, tactile ou sonore.

De même, cette stimulation associée à des contenus positifs et apaisants, images et souvenirs, ancre durablement lesdites images ou souvenirs positifs pour en faire des ressources mobilisables pour gérer des situations stressantes.

Cela va même au delà, puisqu'une fois ancrées, ces souvenirs et images positives semblent modifier positivement l'état psychique général et réduire le stress et l'anxiété chronique d'une part, mais également l'intensité des pics.

J'ai essayé différents techniques en auto administration et la meilleure reste l'auditif. Il y a des vidéos sur Youtube à utiliser avec des oreillettes qui apaisent comme une séance d'EMDR durant laquelle le thérapeute bouge ses doigts devant le patient.

Faites l'essai vous mêmes :

1 - isolez vous en étant sûr que vous ne serez pas dérangé

2 - concentrez vous sur un souvenir positif ; le plus efficace à mon sense est de mobiliser le souvenir de personnes qui vous ont soutenu dans un moment difficile, vous ont fait preuve d'affection ou simplement de présence. Prenez une personne dont la mémoire n'est pas associée à des événements pénibles d'une manière ou d'une autre car vous risquez alors de faire remonter l'événement pénible lui même.

Nous sommes des animaux sociaux, aussi invoquer le lien positif est extraordinairement apaisant.

3 - Mettez des écouteurs car cela ne marche pas sur haut parleurs.

4 - Ecoutez le lien suivant. Il y a en beaucoup d'autres sur le même principe, trouvez celles qui vous plaisent et vous conviennent :

Bilateral Stimulation Music: "Discovered Underneath"

 

Après plusieurs jours d'écoute quotidienne, vous devriez constater une amélioration.

4 juillet 2016

Boris Johnson, l'UE, le nazisme et une ignoble arrogance typiquement anglaise

Boris Johnson fut l'une si ce n'est la figure de proue des Brexiteers, partisans de quitter l'Union Européenne et voter en ce sens lors du référendum. 52% des sujets de sa très gracieuse majesté l'ont suivi et reste désormais à définir les modalités du divorce. Les arguments invoqués par Boris Johnson méritent d'être analysés de plus près car ils s'inscrivent dans une logique britannique libérale qui remonte elle même à Burke et est pétrie de la pensée anglaise (et non pas purement britannique) contemporaine, issue de l'empire et des deux guerres mondiales. Elle mérite d'être analysée de la manière la plus objective possible pour faire le tri entre sa critique légitime du projet européen et l'égoïsme auto centré anglais pétri des certitudes d'être la civilisation supérieure.

Je pense en particulier à cette interview donnée au journal pro Brexit 'The daily Telegraph' dans laquelle Boris Johnson expliquait que l'Union Européenne et le nazisme, c'était au fond la même chose :  http://www.telegraph.co.uk/news/2016/05/14/boris-johnson-the-eu-wants-a-superstate-just-as-hitler-did/

Boris Johnson a attisé, comme une majeure partie de l'élite conservatrice anglaise, la haine et le mépris de l'Europe. Nous ne devons pas avoir de scrupules dans nos négociations. Les anglais n'en auront aucune. Ils poursuivront leurs intérêts dans l'égoisme angalis le plus caractéristique.Travaillant à Londres depuis bientôt 5 ans, je suis frappé de voir à quel point leur logique est de défendre leurs intérêts. Pour les anglais, c'est à chacun de défendre au mieux ses intérêts. L'éthique est celle de l'utilité et celle du légalisme. Tout ce qui est possible et légal et qui sert les intérêts personnels est moral. Ne l'oublions pas dans les mois et années de négociations qui s'ouvrent.

Mais revenons à ce qu'a dit Johnson dans son interview du 14 mai 2016 en pleine campagne du Brexit. Je me souviens l'avoir lu et immédiatement j'ai eu la conviction que la campagne avait pris un tournant pour le Brexit. Johnson quittait le domaine rationnel pour parler à la fierté, l'arrogance en utilisant une réthorique qui parle aux britanniques plus qu'aucun français ne peut l'imaginer. Ce jour là, le Brexit a gagné. Pour ceux qui maîtrisent pas assez bien l'anglais j'ai traduit ci-dessous l'introduction :

L’Union Européenne poursuit un but similaire à Hitler en essayant de créer un super-État puissant, dit Boris Johnson.

Dans une entrevue dramatique avec le Telegraph, il avertit que, tandis que les bureaucrates de Bruxelles utilisent « méthodes différentes» de celles du dictateur Nazi, ils partagent l’objectif d’une Europe unifiée sous une seule « autorité ».

Mais l'échec « catastrophique » de l’UE a attisé les tensions entre États membres et autorisé l’Allemagne à accroitre sa puissance, « annexer » l’économie italienne et « détruire » la Grèce, prévient-il.

« Napoleon, Hitler, diverses personnes ont déjà essayé, et cela s'est terminé tragiquement. L’UE est une tentative de le faire par des méthodes différentes. » a déclaré Boris Johnson

M. Johnson invoque la defiance de l'époque de la guerre de Winston Churchill, exhortant le peuple britannique à être « les héros de l’Europe » encore une fois, le pays libre et sauver l’UE d'elle-même en votant pour le Brexit lors du référendum le mois prochain.

L’ancien maire de Londres, qui est un chercheur passionné d'histoire classique, fait valoir que depuis 2 000 ans l’histoire de l’Europe se caractérise par des tentatives d’unifier l’Europe sous un gouvernement unique pour permettre la récupération perdu « âge d’or » du continent sous les Romains.

« Napoleon, Hitler, diverses personnes essayé ceci dehors, et cela s'est terminé tragiquement, » dit-il.

« L’UE est une tentative de le faire par différentes méthodes.

 Il faut s'en souvenir lorsque nous parlons de négocier les conditions de sortie du Royaume Uni de l'UE.

5 juin 2016

La crise permanente comme mode de pensée

Depuis mon adolescence, le monde est en crise. Depuis 1973, il y a eu la crise pétrolière, puis la crise économique, puis la crise financière puis beaucoup d'autres crises dont j'ai oublié le nom. J'ai toujours trouvé cela non seulement ridicule mais incompréhensible. La crise est un moment, un passage mais pas un état permanent. 

C'est très français d'ailleurs. Les journaux anglo saxons, ou penseurs anglo saxons ne parlent pas de crise à tout bout de champ. Ils peuvent vous parler de la crise financière de 2008 mais les intellectuels ne se sentent pas obligé de tout qualifier de crise. 

Ce n'est pas un hasard car la crise n'est rien d'autre au fond, que la prise de conscience que l'idée que nous nous faisons des choses, du monde et notre environnement ne colle plus à ce que nous vivons. Nous perdons nos repères le temps de retrouver ou redonner un sens à nos expériences. Bien souvent, alors que nous croyons contrôler la situation, nous nous rendons compte qu'elle nous échappe, nous glisse entre les doigts. 

En d'autres termes, dès lors que les choses ne sont pas telles que je considère qu'elles devraient être il y a crise. Mon enfant me tient tête ? c'est une crise. Lorsqu'il n'y a pas d'emploi pour tout le monde, ou pas de logement pour tout le monde, il y a crise. Ce n'est rien d'autre que le constat que les choses ne sont pas telles que nous les imaginons, nous jugeons la réalité comme signifiativement différente de nos idées, croyances, représentations et certitudes. 

Cela ne veut pas dire qu'une crise n'est pas grave ou dangereuse ou préoccupante, seulement que ce terme est aujourd'hui un mode valise, fourre tout intellectuel passablement imprécis. En fin de compte, la crise devient un mode de pensée, une catégorie de la pensée.

Ce terme n'indique rien d'autre que la conscience d'un décalage et d'une impuissance à comprendre les ressorts d'une situation ou comment agir et influer. Nous n'avons pas les outils intellectuels adéquats pour changer les choses. Les concepts  existants sont inadéquats et inadaptés, alors il y a crise.

 

29 avril 2016

Sortir de la fatigue chronique sans médicaments

J'avais des coups de fatigue magistraux depuis plusieurs mois. Au début, lorsque je faisais un peu de gym et puis, de plus en plus souvent sans que j'ai fait d'effort intense. C'était une fois par semaine, au boulot et souvent en fin de semaine, j'avais la tête qui me tournait quand je me levais. Il m'est arrivé de m'appuyer sur les murs en attendant l'ascenceur pour aller déjeuner. Je flottais souvent. Pas de syncope mais juste un équilibre parfois peu assuré.

Je suis allé voir mon médecin. J'ai fait des examens sanguins pour voir si je faisais de l'anémie. Rien. J'ai pris du fer en complément et cela a résolu l'essentiel de mon syndrome des jambes agitées qui peut me réveiller la nuit. Je n'avais pas de problème de tension trop basse. Rien en somme qui ne soit visible aux examens. Certe je n'ai pas un bon sommeil depuis longtemps, mais de là à me sentir épuisé. Je ne comprenais pas.

Le diagnostic était celui de fatigue chronique. Effectivement les symptômes correspondaient. Le médecin m'a donné une ordonnance d'anti-dépresseurs. Dose faible, fluoxétine, le générique du prozac. Il a senti mes réticences. J'ai pris de la paroxétine dans le passé et cela m'a fait gonflé, a commencé à m'attaquer le foie. Il voulait me donner de la paroxétine mais vu les effets secondaires sur moi, il a changé de médicament. J'ai pris l'ordonnance et j'étais très très hésitant.

Entendons nous bien. J'ai pris plusieurs années un anti-dépresseur et si c'était à recommencer je le referais. Ce médicament m'a non seulement soulagé mais aussi, il m'a permis de changer, de voir les choses différemment et de sortir de problèmes chroniques. La psychothérapie m'a permis d'en sortir avec le soutien de l'anti dépresseur. Ces médicaments semblent réintroduire une souplesse psychique et par là, sortir des impasses dans lesquelles ont peut être pris sans arriver à sortir. Mais là, je ne voyais pas la nécessité même si cela pouvait être la solution. Certes je dépéris à mon travail, isolé sur un immense open space avec un patron autocrate et intrusif. Etait ce une forme légère de dépression ? Peut être. mais je voulais d'abord essayer de résoudre le problème sans anti dépresseurs. Si je n'y arrivais pas, alors au bout de quelques semaines ou mois, j'aurais pris les médicaments.

J'ai donc cherché sur le net et dans ce que j'avais pu lire. Je me suis alors souvenu du training autogène, méthode de relaxation assez proche de l'auto hypnose. Je l'avais utilisé pour me relaxer et récupérer. Cela m'avait énormément aidé à mieux dormir et régler des problèmes chroniques de crampes. J'ai relu le bouquin le plus complet que j'avais lu sur le sujet qui portait sur l'utilisation de l'entraînement autogène pour les problèmes de fibromyalgie et autres douleurs chroniques. Il donnait la méthode complète de manière très didactique, à l'usage des thérapeuthes. Ma mémoire était bonne; il donnait les résultats d'études démontrant l'efficacité sur la fatigue chronique également.

Je m'y suis remis et en quelques jours, 1 semaine je me suis de nouveau senti en forme. J'en ai fait d'abord en cours de journée quelques minutes lorsque je me sentais fatigué. J'utilise dans ce cas la méthode abrégée qui permet de récupérer en quelques minutes. Il faut trouver un endroit tranquille où s'assoir ou on est sûr de ne pas être dérangé. C'est l'affaire de 3 minutes. Ensuite le soir et le matin j'ai fait des séances complètes, de 15 à 20 mn.

Je n'ai plus de coup de fatigue et je n'ai pas eu besoin d'anti dépresseurs.

Cette méthode mériterait d'être davantage utilisée et prescrite pour se relaxer, la fatigue chronique, la fibryomalgie, les douleurs chroniques, le syndrome du colon irrité et autres problèmes psycho motheurs.

Pour une bonne introduction au training autogène :http://www.passeportsante.net/fr/Therapies/Guide/Fiche.aspx?doc=training_autogene_th

Le livre pour thérapeutes que j'ai utilisé en auto traitement : http://www.amazon.fr/Autogenic-Training-Mind-Body-Treatment-Stress-Related-ebook/dp/B00CB7NVHE?ie=UTF8&qid=1461962775&ref_=tmm_kin_swatch_0&sr=8-10

Il y en a d'autres très bien également.

 

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