Self défense verbale

J'ai longtemps été désarmé face à l'agressivité verbale.

Comment y répondre n'est pas forcément simple.

Bien sûr la surenchère et la contrattaque sont toujours une option, mais comme lors des affrontements physiques l'issue n'est pas toujours garantie, et les dommages collatéraux souvent importants. Il est toujours possible de se lancer dans une bataille rangée qui peut déboucher sur une victoire mais cela n'est pas toujours garantie.

J'ai longtemps cherché et tatonné pour trouver une alternative à l'escalade de la violence, ne fut elle que verbale. 

Il s'agit au fond de maîtriser quelques techniques d'auto défense, qui permettent de défendre son intégrité psychologique comme les techniques d'auto défense physiques, permettent de défendre son intégrité physique. 

Phase 1 : La prise de judo

La première technique, dont j'ai déjà parlé, consiste à ne pas contredire. Comme le judoka utilise la force et l'élan agressif de son adversaire, ne pas contredire consiste à accompagner le mouvement agressif pour mieux l'esquiver et ne pas être touché. Là où l'attaquant s'attend à une opposition, il va trouver un accompagnement. Alors qu'il comptait utiliser cette opposition pour imposer sa violence et sa force, l'accompagnement va le déstabiliser et rendre ses attaques inopérantes. 

Ainsi, je ne m'oppose jamais à une critique qui m'est faite. Ainsi, j'avais décidé de ne pas continuer de consulter un médecin qui insistait. Je lui annonçais par mail après avoir mûrement réfléchi les quelques jours qui suivirent la consultation. Il me renvoya par mail un "je trouve vos méthodes très moyennes". Honnêtement je ne voyais pas ce qu'annoncer poliment par mail une décision d'interrompre avait de "très moyens". De plus, le manque de professionalisme dont il avait fait preuve me donnait envie de lui répondre sur le thème des méthodes très moyennes. Il avait touché ma susceptibilité,n ce qui toujours le point de départ d'une manipulation. Je répondis juste "J'admets avoir des méthodes très moyennes et je vous confirme ma décision d'interrompre le traitement." Si j'étais parti dans le conflit verbal, je lui aurais donné prise. J'aurais permis la manipulation, la justification et au fond, je courais le risque de rentrer dans la manipulation et ne pas rester sur ma décision. La clé ici, est de ne pas s'opposer ni se justifier. Juste assumer ses décisions et énorme, et si nous nous contentions de cela, la vie serait beaucoup plus agréable. 

Phase 2 : le blocage

La phase d'après et l'autre technique qui vient ensuite, pour quiconque souhaite arrêter l'attaquant et le neutraliser, consiste à poser des questions neutres, pour comprendre. Cette technique est difficile à maitriser car souvent la voix trahit l'agacement, l'émotion, la crainte ou l'anxiété, et montre une porte émotionnelle ouverte à l'attaquant. La clé est d'arriver à un ton détaché, celui de qui cherche à comprendre le fondement objectif de l'affirmation. Le modèle à imiter est celui de la Joconde souriant, avec cet air détaché si mystérieux. N'hésitez pas à vous entraîner devant une glace à imiter ce sourire.

Il s'agit de ne pas s'arrêter aux aspects blessants ou agressifs, mais plutôt de se poser en observateur à qui des éléments concrets manquent. L'implicite doit devenir explicite ou se taire. Ainsi, mon frère rit lorsque je lui annonce que ma deuxième fille veut fonder une start up et se lancer dans la création d'entreprises. Ce rire est sans conteste teinté de mépris et de condescendance, à la limite du ton injurieux. Plutôt que de m'offusqyer et me fâcher avec mon frère, ce que je ne veux pas, je lui ai juste demandé pourquoi il riait. "Qu'est ce que cela a de drôle ?" il a tenté un "c'est glamour en ce moment de vouloir fonder sa boîte"". J'ai continué avec la même technique : "qu'est ce qui te fait dire que P. veut fonder une boîte parce que c'est glamour ?" il a abrégé la conversion. La fois suivante où je l'ai eu au téléphone il était charmant et pas méprisant pour 1 sou. 

L'auto défense verbale tient à 2 techniques : 1) éviter le coup, le parer pour ne pas être blessé puis 2) neutraliser l'attaquant pour l'empêcher de nuire. Il y a des variantes mais l'essentiel est là.

Comme toutes les techniques d'autodéfense, cela demande juste pas mal d'entraînement et de mise en situation réelle pour être efficace et utile.