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Remarques et réflexions
23 février 2013

suicide

C'est le 22 février 1994 que mon père a appelé un serrurier. Il a fait ouvrir la porte de l'appartement de Claude ma soeur. Il l'a trouvée morte. Elle s'était suicidée. Cette tentative a réussi, après plusieurs échecs dont j'ai été témoin pour au moins l'un d'entre eux. Il y en avait eu d'autres avant.

Je n'ai pas eu d'autres détails sauf que son corps a été emmené à l'institut médico légal pour une autopsie.

Mon père ni ma mère n'en parlait et ne voulait pas en parler.

Dimanche dernier, j'étais dans la voiture avec mon frère Bertrand, sur le parking des urgences de l'hopital entre minuit et 2 heures du matin. Nous avions allongé les sièges avant, j'avais mis un peu de chauffage malgré le bruit que cela faisait. Nous voulions dormir un peu. Je n'y arrivais pas et Bertrand pas tellement plus.

Mon père avait de nouveau des problèmes de bronches qui traînaient depuis plusieurs semaines, de la fièvre. Bertrand était inquiet et il m'avait appelé pour parler. J'avais appelé ma mère dans la soirée qui était très inquiète. Mon père n'arrivait plus à se lever pour aller au toilettes. Il a 84 ans et ma mère 83. Elle ne savait pas quoi faire. J'ai appelé Bertrand pour lui dire que j'y allais. Sans doute pour appeler un médecin ou emmener mon père aux urgences. Il m'a juste dit 'attends moi j'arrive'. Il a pris la ligne 6 et je l'ai pris à La Motte Piquet Grenelle.

Mon père n'allait effectivement pas bien. Sa tête n'était pas sur l'oreiller, il n'avait pas eu la force de remonter son corps après avoir été aux toilettes soutenu par ma mère. Cela avait pris 1 demi heure disait ma mère.

Je n'ai pas réussi à joindre un médecin de SOS médecins aussi j'ai appelé le SAMU. Après une brève discussion, quelques questions ils ont envoyé les pompiers. Ceux ci ont hésité, discuté avec le médecin coordinateur qui a pris la décision de l'emmener aux urgences. Nous avons suivi en voiture avec Bertrand.

Une infirmière nous a interrogé et après 1 heure ou 2 d'attentes, ils l'ont emmené pour des examens. "Vous pouvez attendre à coté, il n'y aura pas de résultats avant 1 heure et demi au moins" m'avait dit l'infirmier. "Nous vous dirons si nous le gardons".

Plutôt que d'attendre dans la salle d'attente nous sommes retournés dans la voiture sur le parking, pour nous reposer.

Nous avons parlé du passé bien sûr. Bertrand m'a parlé de la fois où il a trouvé Claude inanimée en rentrant du Lycée, étendue au milieu des boîtes de médicaments. Il était seul et il a alerté le médecin du rez de chaussée. J'avais alors quitté la maison pour mes études depuis déjà 2 ans.

Je lui ai raconté la fois où j'ai vu l'ambulance au bas de l'immeuble. Les infirmiers et médecins tentant de la réanimer sur un brancard.

Il y avait toujours cette impossibilité d'en parler avec mes parents. Dès que j'essayais de parler du problème de Claude, je me faisais engueuler.

je lui ai raconté la remarque de maman plus tôt dans la journée. au restaurant où elle nous avait emmené pour déjeuner, laissant mon père se reposer.  Elle nous avait parlé de son enfance ; de sa mère et de sa personnalité. Elle nous avait parlé de sa soeur, morte de tuberculose sur la route de l'exode en 1940. Elle nous avait parlé de sa mère disant à mon oncle qui voulait en parler "je ne veux plus en parler". C'était encore douloureux pour elle.


Aurais je dû dire à ma mère alors, qu'elle n'évoquait jamais Claude. que la seule fois où j'avais essayé d'en parler je m'étais fait sèchement reprendre ? que lorsque j'avais essayé voulu dire que j'avais vécu des choses pénibles, la violence de Claude, ses crises de paranoïa agressives, lorsqu'elle basculait dans la schizophrénie. elle m'avait alors rabroué et cloué le bec "Cela a été très dur pour ton père et moi mais pas vous." Je n'ai plus jamais abordé le sujet.

Alors nous en parlons ensemble, Bertrand et moi.

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