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Remarques et réflexions
12 novembre 2009

Foucault ou le problème du sujet

Chez Michel Foucault, il est un problème qui parcourt toute son oeuvre sans qu'il ne l'aborde vraiment jamais de front : celle de la transformation du sujet en objet. Il traite de la question du pouvoir, de la discipline, de l'émergence des sciences humaines à l'age classique avec comme corrélat la création d'un objet de savoir : l'homme.
Finalement, Foucault ne fait qu'une seule chose tout au long de son oeuvre à mon avis : lutter contre la transformation de l'homme en simple objet : de pouvoir, de savoir. L'homme perdrait ainsi toute sa richesse née et liée à sa subjectivité. Lorsqu'il parle du pouvoir, c'est pour montrer comment il nie l'humain dans sa part la plus subjective. C'est ainsi que je lis le thème de l'exposition qui se tient actuellement à Lyon. Je trouve fascinante cette question et parfaitement fondée. Les sciences humaines, le pouvoir tendent à considérer comme l'humain comme un objet. Cette dérive et ce risque doivent être constamment gardés à l'esprit pour être conjurés. La vigilance doit rester permanente, car le risque est énorme.

Malgré tout n'a t'il pas été trop loin ? Ce risque existe, mais est il aussi présent qu'il le pensait ?

Sans doute est il nécessaire de faire une archéologie au sens de Michel Foucault lui même de l'analyse qu'il nous livre, et de son approche conceptuelle.

Cette question trouve sa racine chez Kant, qui montre comment le développement de la science permet de construire un objet. Toute science étend le domaine du phénomène. Foucault dans "Les mots et les choses" insistait sur cette émergence de l'humain comme objet de science au cours de la période historique qu'il appelle l'age classique. Dans "Surveiller et punir" il conteste l'extension de la question technique l'homme, en tant que domaine d'application et de mise en œuvre de la technique.  La discipline qu'il dénonce n'est rien d'autre qu'une technique.

Dans "Surveiller et punir", derrière la critique de la discipline c'est l'idée même d'éducation qu'il critique et refuse. On ne peut rejeter la discipline sans rejeter l'éducation.

L'éducation est une technique, un savoir faire qui demande de l'expérience et beaucoup d'humanisme. Elle passe par le pouvoir du maître. En quoi cette discipline éducation est un problème par définition, et a priori condamnable par principe m'échappe totalement, je dois l'avouer. Lorsque la discipline écrase le sujet pour en faire un objet interchangeable, ce n'est plus de l'éducation et la condamnation doit être sans appel. L'objet de la discipline n'est pas de transformer les êtres humains en robots, et transformer le monde en une sorte de "1984" ou de "meilleur des mondes".

Mais Foucault n'a t'il pas jeté le bébé avec l'eau du bain, comme tous ces soixante-huitards qui voulaient éduquer sans interdire, sans mettre de limites ? A ne faire aucune distinction dans les méthodes de discipline et mettre la prison et l'école sur le même plan en considérant que finalement, toute démarche qui met en oeuvre une discipline n'est que l'expression d'une pensée carcérale, et aboutit à une société carcérale me semble caricaturale, faux et dangereux. Pour reprendre l'analogie Kantienne dans l'introduction de la Critique de la Raison Pure (la préface à la deuxième édition mais je ne suis plus très sûr de moi....désolé) ce serait comme si la colombe pensait qu'elle volerait mieux si l'air n'existait pas. Certes , il y a dans la discipline une dimension coercitive indéniable, mais est il réellement possible d'éduquer sans elle ?

La vraie question que je ne cesse de vouloir poser à Foucault est "mais quelle méthode d'éducation prônez vous ? Comment faire pour gérer le comportement agressif, dangereux ?" Je suis un partisan de la réduction maximale de la punition, mais malgré tout, je sais d'expérience qu'il n'est pas possible d'éduquer sans punition. Quelle forme de punitions utiliser et dans quelles circonstances, selon quelles modalités sont les seules questions qui valent la peine d'être posée. Les autres sont l'expression d'une naiveté et d'une puérilité qui peut être dangereuse lorsqu'elle est érigée en principe.

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