observer et enregistrer pour changer

A la fin des années 50 une expérience fut menée avec des personnes qui souhaitaient perdre du poids (Stunkard 1958).  Il leur fut demandé combien elles mangeaient. Beaucoup répondirent qu'ils ne mangeaient pas beaucoup, ils avaient un métabolisme lent disaient ils, pour expliquer leur sur-poids. Il leur fut alors demandé ce qu'ils avaient mangé au cours des 2 derniers jours. Ils en dressèrent une liste exhaustive, de mémoire, qui fut étudiée. La conclusion de la revue des aliments et quantités mangées au cours des 2 derniers jours fut qu'effectivement, ils ne mangeaient pas trop. Le chercheur les mit alors tous au régime, basé sur la liste des aliments et des quantités qu'ils avaient mis sur leur liste. Tous perdirent du poids. La conclusion est évidemment que la mémoire des personnes en surpoids avait minimisé la quantité de choses mangées.

Notre mémoire est trompeuse. Non seulement elle n'a pas une durée très importante, nous oublions (et heureusement à bien des égards, mais ce n'est pas mon propos ici), mais également elle est biaisée.  Ce que nous croyons n'est pas toujours la réalité.

Pour faire évoluer les choses, il est indispensable de conserver une trace tangible, objective, exacte de ce qui s'est passé. Ce n'est pas du jugement sur les choses : était-ce bien ou mal, agréable ou désagréable qui compte, mais bien plutôt la description la plus neutre possible de ce qui s'est passé. Cette trace peut alors servir de base à l'analyse, et au changement et l'amélioration.

L'enregistrement, l'observation documentée et objective fournit un retour d'information qui permet d'ajuster et améliorer son comportement, son geste, sa vision. En 1992, une étude fut menée auprès de lycéens (Patrick 1992) qui couraient le sprint. Ils furent divisés en 2 groupes. Au premier groupe, les temps de chaque sprint fut systématiquement communiqué, au deuxième jamais. Après 10 essais, les membres du premier groupe avaient amélioré leurs temps, ceux du deuxième faisaient le même temps à la 10ème course qu'à la première.

Ainsi, nous avons tous tendance à ne voir que le mauvais comportement de nos enfants : "tu es TOUJOURS ....Tu ne fais JAMAIS." La première étape pour changer le comportement est de noter sur un tableau, un carnet, le bon comportement systématiquement, et le communiquer à l'enfant.Alors, l'enfant évolue, et nous pouvons féliciter, voir ce qui est bien et renforcer efficacement l'enfant.

Etre objectif et factuel, ne pas se fier à son impression uniquement, est le fondement de toute tentative de changement : de ses habitudes alimentaires, du nombre de fois où l'enfant range sa chambre, etc.

Lorsque le comportement souhaité ne se produit pas, et cela arrive dans bien des cas, il y a un nouveau problème à résoudre.