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Remarques et réflexions
24 décembre 2008

Pourquoi vous ne devriez pas frapper vos enfants - 2

Suite de l'article, davantage centré sur la question des droits de l'enfant aux USA, mais qui me semble malgré tout intéressant, ce d'autant plus que l'attitude française n'est pas très éloignée, la peine capitale près. En tout état de cause, les tendance répressives vis à vis des enfants qui se manifestent en ce moment en France (incarcération à partir de 12 ans, fichage des enfants pour repérer dès 3 ans les futurs déliquants, etc. ) doivent faire l'objet d'un débat rationnel basé sur les méthodes d'éducation les plus efficaces.

La combinaison des arguments scientifiques et moraux/legaux ont porté leurs fruits dans les débats sur la discipline à l'école publique. 28 Etats et le District de Colombie ont banni les punitions corporelles à l'école. Mais jusqu'à présent, nous nous sommes montrés réticents à étendre le débat au delà de l'école, dans le cercle idéologiquement sacré de la famille. Là où l'argument contre la punition corporelle à l'école a prévalu, en fait, le droit individuel des parents à punir leur enfant a souvent été cité. On considère que ce droit ne s'applique pas aux éducateurs agisssant pour l'Etat. La situation est différente dans d'autres pays. Vous ne serez peut être pas surpris d'apprendre que 91 pays ont banni la punition corporelle à l'école mais pour serez peut être surpris d'apprendre que 23 pays ont banni la punition corporelle où que ce soit à l'intérieur de leur frontière, y compris la maison.

Je sais ce que vous pensez : Il y a vraiment 23 pays scandinaves ? La Suède a en effet été la première à faire passer une loi l'interdisant, mais la liste inclus également la Hongrie, la Bulgarie, l'Espagne, Israel, le Portugal, la Grèce, l'Uruguay, le Chili, le Vénézuela et la Nouvelle Zélande. Selon les avocats de l'interdiction, 20 autres pays environ se sont engagés à une interdiction totale et/ou débattre des lois d'interdiction au parlement.  Le Conseil de l'Europe a été le premier organisme inter-gouvernemental à lancer une campagne universelle de prohibition auprès de ses 47 membres.

Pratiquement personne ne sait ou se soucie aux USA que les Nations Unies ont fixé la date cible de 2009 pour une prohibition universelle de la violence contre les enfants qui incluerait l'interdiction de la punition corporelle à la maison. Les américains ont sans aucun doute de nombreuses raisons - certaines très bonnes - d'ignorer ou sourire aux instructions des Nations Unies sur la façon d'élever les enfants. Et il est naïf de penser que les interdictions exhaustives sont d'une efficacité exhaustive. Les enfants sont frappés dans tous les pays de la terre.  Mais particulièrement parce que de telles interdictions sont généralement promues au moyen de grandes campagnes d'éducation et de changement des mentalités (similaires aux efforts couronnés de succès de changer les attitudes vis à vis des déchets et de la cigarette), elles ont de bons effets mesurables. Jusqu'à présent, les résultats indiquent qu'après qu'une interdiction soit passée, les parents frappent moins et sont moins favorables à la discipline physique, et le pays n'est pas submergé par une vague de racaillerie et de délinquance. C'est l'opposé, en fait. Si nous y regardons de plus près, les résultats nous montrent qu'il y a moins d'enfants aux comportements déviants.

On pourrait concevoir qu'il y a de bonnes raisons pour les américains de décider, après un examen minutieux, que notre engagement pour la vie privée et les droits individuels des parents est trop fort pour autoriser une interdiction totale des punitions corporelles. Mais nous ne semblons pas prêts à rejoindre la plupart du reste du monde pour une discussion sérieuse à propos d'une telle interdiction. Dans un climat sur-chauffé de nondébat encouragé par ceux qui voudraient nous faire croire que nous sommes embarqués dans une guerre culturelle aux enjeux majeurs, nous ne faisons que nous envoyer nos idées reçues à la figure

L'un des résultats de cette attitude d'opposition des USA, bien qu'ils aient été l'un des premiers auteurs de la convention de l'ONU des droits de l'enfant, qui spécifie que les gouvernements doivent prendre des mesures appropriées afin de protéger les enfants de "toute forme de violence physique ou mentale, blessure ou abus, traitement négligent ou de négligence, mauvais traitement ou exploitation", est l'un des deux pays à ne pas l'avoir ratifié. L'autre est la Somalie ; 192 pays l'ont ratifié. D'après ma collègue Lizz Gershoff de l'Université du Michigan, l'une des expertes principales sur la punition corporelle sur les enfants, les principaux arguments qui ont empêché les USA de la ratifier incluent ceux auxquels vous vous attendez - cela saperait l'autorité des parents américains autant que la souveraineté américaine - plus quelques autres auxquelles vous ne vous attendez peut être pas : cela ne permettrait pas d'enroler des jeunes de 17 ans dans l'armée et (bien que la décision de la Cour Suprême des USA dans l'affaire Roper v. Simmons a rendu cet argument obsolète, au moins pour le moment), cela n'autoriserait pas l'exécution de personnes qui ont commis des crimes passibles de la peine capitale alors qu'ils avaient moins de 18 ans.

Nous avons jusqu'ici limité notre débat national sur la punition corporelle en le centrant sur les écoles et en le menant au niveau local et de chaque état. Nous avons évité de discuter d'un point de vue ne serait ce que théorique de la primauté du droit parentale au sein de la maison, où l'essentiel des violences ont lieu. Quelle que soit la position sur la punition corporelle, nous devrions au moins être capables d'en discuter entre nous comme des adultes.

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Commentaires
B
Au sujet des maltraitances et de cette interdiction, je peux conseiller les sites suivants, tout d'abord celui de l'OVEO, fondé par Olivier Maurel qui a écrit le livre "La fessée, questions sur la violence éducative" qui recense toutes les informations au sujet de la violence éducative et des châtiments corporels:<br /> http://oveo.org/<br /> <br /> Ensuite la psy Alice Miller a effectué un travail remarquable mais méconnu sur ce sujet des maltraitances et des punitions corporelles et de leurs conséquences:<br /> http://alice-miller.com/index_fr.php<br /> <br /> Il existe aussi en France une pétition pour interdire comme en Suède toutes les formes de châtiments corporels contre les enfants:<br /> http://www.petitiononline.com/chatcorp/petition.html
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