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Remarques et réflexions
23 décembre 2008

Pourquoi vous ne devriez pas frapper vos enfants - 1

Article passionant contre la punition corporelle, d'un psychologue américain (Alan Kazdin, voir son site) spécialiste de l'éducation et des problèmes de comportements que j'ai traduit car je pense nécessaire de le faire connaitre aux francophones :

Le parent type, lorsqu'il donne une claque à un enfant qui se comporte mal, ne prend pas le temps de se demander : "Qu'est ce que la science a à dire à propos de l'efficacité de la punition corporelle ?" S'ils pensent quoi que ce soit, c'est : " Justice va être faite !". Même si le parent moyen ne le sait pas ou s'en fiche, la science est tout à fait claire sur l'inefficacité de la punition corporelle. Malgré l'augmentation de la mise à l'écart et d'autres formes de punition non corporelle, la plupart des parents américains (et français, me permettrais je d'ajouter) frappent, pincent, secouent, ou portent la main d'une autre façon sur leurs plus jeunes : 63 % des parents disciplinent physiquement leurs enfants de 1 à 2 ans, et 85 % des adolescents ont été physiquement punis par leurs parents. Les parents citent l'agression des enfants et leur refus de faire ce qu'il leur est demandé, comme étant les raisons les plus communes pour les frapper.

La science montre également que la punition corporelle est comme le tabac : il est rare d'arriver à se maitriser et ne pas passer d'une punition légère, d'une dose relativement peu blessante à une dose excessive et qui fait des dégâts. Trois cigarettes par mois ne vont pas vous faire beaucoup de mal, et une petite claque sur le derrière une fois par mois ne va pas faire de mal à votre enfant. Mais qui fume 3 cigarettes par mois ? Dire que la punition corporelle est une addiction serait imprécis, mais il y a une forte tendance naturelle à faire de la surenchère en fréquence et et en sévérité de la punition. Plus d'un tiers de tous les parents qui commencent avec des punitions plutôt légères finissent par franchir la ligne définie par la loi comme étant de la maltraitance d'enfant : frapper avec un objet, des coups cruels et violents, et ainsi de suite. Les enfants, doués d'une merveilleuse flexibilité et capacité à apprendre, s'adaptent en général plus vite à la punition que leurs parents ne peuvent faire de l'escalade, ce qui aide à passer de frapper un peu à frapper beaucoup. Et comme la cigarette trop fréquente, la punition corporelle trop fréquente a des effets nuisibles graves et bien prouvés.

Les effets négatifs sur les enfants incluent une augmentation des agressions et de l'insoumission - ces mauvais comportements mêmes qui ont poussé les parents à commencer à frapper - autant que de mauvais résultats scolaires, de mauvaises relations parents-enfants, et un risque accru de problèmes psychologiques (dépression ou anxiété, par exemple).  De niveaux élevés de punition corporelle sont aussi associés à des problèmes qui surgissent plus tard dans la vie, dont une capacité diminuée à contrôler ses impulsions, et des situations de mauvaise santé physique ( cancer, problèmes cardiaques, problèmes respiratoires chroniques). Plus, il y a un effet d'augmentation de l'agression de la part des parents, et n'oubliez pas qu'il est avéré que la punition physique est une stratégie faiblarde pour changer un comportement de façon permanente.

Mais les parents continuent de frapper. Pourquoi ? La clé est l'efficacité temporaire de la punition corporelle pour stopper un comportement.  Ca marche - pour un temps, effectivement. L'expérience directe de cette pause momentanée dans le mauvais comportement a un effet très puissant, conditionnant le parent à frapper de nouveau la fois suivante afin d'obtenir cette bouffée fugace de succès, aveuglant le parent quant à l'inefficacité des coups sur le long terme pour améliorer le comportement.  La recherche ne cesse de montrer que le comportement indésiré reviendra à la même fréquence qu'avant. Mais les parents croient que la punition corporelle marche, et ils sont encouragés encore davantage à le croire par le sentiment qu'ils ont un droit et même un devoir de punir durement autant que nécessaire.

Une partie du problème est que la plupart d'entre nous accordent, au mieux, une attention sélective à la science - et les scientifiques, pour ce qui les concerne, n'ont pas fait du bon travail de publicité autour de ce qu'ils savent sur la punition corporelle. Des études de parents ont démontré que s'ils sont prédisposés à ne pas voir un problème dans la façon dont ils élèvent leurs enfants, ils ont tendance à ne pas tenir compte de tout résultat scientifique suggérant que ce qui est considéré comme un non-problème est, en fait, un problème. En d'autres mots, si les parents croient que frapper est une bonne façon de contrôler le comportement de leur enfant et particulièrement si cette conviction est assise sur une conviction forte, morale, religieuse, ou autre en faveur de la punition corporelle, ils vont en toute confiance rejeter n'importe quelle conclusion scientifique qui ne va pas dans leur sens.

Le truc est que nous nous percevons mal notre propre expérience. Les études de la  perception des parents sur l'éducation infantile, en particulier, montrent que la mémoire est un guide extrêmement peu fiable pour juger de l'efficacité d'une punition. Ceux qui croient dans la punition corporelle ont tendance à se souvenir que frapper un enfant a marché : elle m'a tenu tête, je lui ai donné une claque, elle n'a plus rien dit. Mais ils ont tendance à oublier que, après une brève pause apportée par la claque dans la figure, l'enfant a de nouveau tenu tête, et l'impertinence est devenue plus arrogante et plus fréquente au fur et à mesure que les claques sont devenues plus fortes.

Alors, quels sont les arguments pour ne pas frapper ? Il est possible d'utiliser des arguments scientifiques : la discipline physique ne fonctionne pas sur le long terme, elle a de mauvais effets secondaires, et une punition légère devient souvent de plus en plus sévère au fur et à mesure du temps. Les opposants à la punition corporelle avancent aussi des arguments légaux et moraux. Si vous frappez un autre adulte, vous pouvez être arrêté et poursuivi en justice, après tout, nos plus petits, plus faibles citoyens  ne devraient ils pas avoir avoir droit à une protection égale ou même plus-qu'égale de la part de la loi ? Dans ce pays, si vous faites la même chose à votre chien, que ce que vous faites à votre enfant, il y a plus de chances que vous ayez des ennuis pour maltraitance du chien.

 

La suite de l'article est ici.

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Commentaires
B
After read blog topic's related post now I feel my research is almost completed. happy to see that.Thanks to share this brilliant matter.
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